Quand les objets deviendront des clients

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Après avoir lancé l’année dernière les « Dashs buttons », des petits boutons connectés permettant aux consommateurs de commander en un seul clic, Amazon annonçait en janvier dernier le lancement de son service de réapprovisionnement automatique (Dash Replenishment Service) où ce sont les appareils eux-mêmes qui passent commande, sur Amazon bien sûr.
D’aucuns diront qu’il s’agit d’une évolution normale des choses : ma dernière imprimante HP me rappelle régulièrement que ça serait « tellement pratique » si je la connectais directement au service de réapprovisionnement d’HP…
Creusons un peu. Si l’objet connecté est capable d’acheter, il sera capable de choisir son magasin : Je vois déjà ma machine à laver chercher toute seule où ma lessive préférée est la moins chère et la commander. Demain, on pourra peut-être trouver une version IoT de « quiestlemoinscher.com ». Et pourquoi pas un google pour objets ?
vacheconnectSi l’objet est connecté, il pourra ou devra, comme son maître, réseauter, et s’entendre avec d’autres objets pour commander. Mon frigo devra d’abord s’associer avec mon lave-vaisselle pour coordonner leurs livraisons. Plus malin, il pourrait aussi s’accorder avec celui de mon voisin pour acheter groupé. Outre son aspect économique, on pourra toujours y voir une démarche écologique.
Si l’objet se transforme en acheteur, il devient client, donc cible markéting. Les magasins pour objets connectés pourront constituer des bases et des statistiques et bâtir des sources très fines et qualifiées. Un fichier des frigos qui commandent régulièrement du lait écrémé mais pas de yaourts allégés, ça vous dit ? j’ai le même mais mixé avec le fichier des machines expresso qui ne servent que 3 « voluto » par jour. Bon d’accord, on en est pas encore là, mais il est aisé de sentir qu’on y arrivera plus vite qu’on ne le pense.
Si l’objet devient client, il pourrait être « trompé » comme un humain qui se laisse berné par une offre trop alléchante. Les techniques de ventes les plus futées trouveront forcément leurs équivalentes dans le monde des objets connectés. Guerre d’informaticiens, les algorithmes d’achats de ces petites bêtes s’affronteront aux algorithmes de ventes toujours plus pointus des magasins. Quoi mon cher frigo, tu n’avais pas vu qu’avec ton pack de 6 litres de lait, tu t’abonnais automatiquement à la livraison hebdomadaire de Jambon supérieur ?
Après on pourra toujours voir se développer des affinités inter-objets ; grâce à une traçabilité toujours plus pointue, pourquoi un frigo ne pourrait-il pas tomber amoureux de mademoiselle Daisy – plus connue sous une adresse IP v6 de 16 octets- , une vache holstein de Picardie, qui lui fournit le meilleur des laits ?
Côté sombre, s’agissant d’objets programmés, on verra bien quelques hackers de haut vol, capables d’en prendre le contrôle à distance – comme démontré récemment avec les premières voitures sans chauffeurs – et leur faire acheter ce qu’ils veulent et où ils veulent. Mon frigo devra alors s’assurer que c’est bien Daisy, sa chère vache picarde, qui est au bout de la ligne et non un avatar installé au fin fond de la Chine. Et là, c’est plus tellement rigolo.

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