Microsoft : Too big to fail ?

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Oublié dans l’acronyme GAFA, Microsoft est pourtant un acteur majeur des technos, en compétition permanente avec Apple ou Amazon pour occuper la place de 1ere capitalisation boursière mondiale. Probablement trop vieille pour les jeunes, pas assez fun pour les autres, la société fait montre malgré quelques contreperformances d’une incroyable santé. Analyse.

Si les succès de Microsoft sont patents, ses échecs le sont d’autant. Pour preuve, dans un récent billet, Chris Jackson, un ponte de la société, conseillait à ses clients d’abandonner Internet Explorer au profit d’autres navigateurs. Bien qu’en lisant de plus près ce billet, le propos est plus subtil et pas aussi radical, beaucoup y ont vu le signe que la société reconnaissait avoir perdu une bataille historique : celle du navigateur, pourtant au cœur de sa stratégie il y a 20 ans.

Ce qui ne te tue pas te rend-il vraiment plus fort ?

Le cas Internet Explorer est symptomatique de Microsoft : leader et dominant à une époque (+ 90% de part de marché au début des années 2000), il est écrasé par la concurrence aujourd’hui en tombant à moins de 10%. On peut trouver mille raisons à cela mais C. Jackson dans son post en donne une : la société s’est piégée elle-même dans sa recherche de compatibilité historique. IE était devenu, dans ses versions antérieures à la 9, un bazar au comportement hybride, voulant tout à la fois afficher des pages web conçues en 1999 et celles respectueuses des standards d’aujourd’hui. Ce grand écart a été rendu possible explique-t-il en faisant l’impasse sur les performances et la sécurité. Défauts dans lesquels s’est engouffré un certain Chrome. Depuis la société l’a payé cher car les version suivantes (10 et 11) et même Edge n’ont jamais réussi à reprendre la place de leur ancêtre.

Quand on pense à Microsoft, d’autres échecs viennent à l’esprit : Msn messenger, leader incontesté des messageries instantanées il y a dix ans, est un nom que les jeunes générations ne doivent même plus connaître. Et là on parle de succès devenus échecs. La société a aussi dans son catalogue des produits comme Windows Phone ou Bing qui, malgré d’énormes efforts marketing et budgets engloutis, n’ont jamais réussi à trouver leur public.

Avoir un panier solide mais ne jamais y mettre tous ses œufs

On le sait, l’un des principaux atouts de Microsoft est sa domination sur les plateformes bureautiques Windows et Office. Avec ce binôme, elle dispose d’une base clients solide, plutôt stable et qui continu à être profitable, y compris en mode Saas avec Office 365.  Et si une leçon a été retenue de la fronde que la société a subi de la fin des années 90, c’est bien celle qu’une position dominante ne peut pas être éternelle. Pour résister, plus que chercher à assoir encore un peu plus cette position, la société s’est initiée à d’autres marchés. Ainsi, pendant qu’elle laissait filer sa domination sur le navigateur ou perdait la bataille du moteur de recherche, elle s’investissait dans de nouveaux secteurs : les jeux vidéo avec sa console Xbox ou le cloud avec Azure. Et ça c’est pour la croissance organique. Pour la croissance externe, Il faut ajouter la rachat ces dernières années de Skype, LinkedIn ou plus récemment GitHub, autant d’enseignes qui finiront par lui rapporter de nouveaux clients et réduire le risque sur ses marchés historiques. Il y a d’ailleurs une stratégie assez transparente là-dedans : la société a perdu quelques batailles sur des outils, elle veut gagner celles des communautés d’utilisateurs, cœurs de ses récentes acquisitions.

La leçon à retenir ? rien de bien original au fond, litanie d’adages populaires : ne jamais s’endormir sur ses lauriers, ne met jamais tes œufs dans le même panier et si avec tes œufs, tu peux avoir la crémière avec, c’est encore mieux.

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